MARINE CLASS

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Comme une boite de Pandore, Marine Class déploie sa malle quai de Montebello, dans la galerie du Haut Pavé où elle aménage son studiolo, nous invitant à y papillonner comme dans un jardin où éclosent des folies à l’esthétique séduisante.

De la pierre au papier, les rêves de l’artiste se déclinent sur de nombreux supports résultant de protocoles aux ingrédients variés. Et, par effet de miroir, ces compositions chimériques d’un nouveau genre nous permettent d’y trouver la traduction de nos propres songes.

 

Hélène Cheguillaume

 

Grotte, Cupule, Pareïdolie et autres Lichen…  sont autant de titres invitant à la contemplation. Mais en amont se dissimule un modus operandi composite, issu d’un abécédaire teinté de poésie aux multiples facettes : du dessin technique à la recette de cuisine, en passant par la botanique, l’archéologie ou encore le bâtiment... Objets et motifs flirtent et prennent corps au sein d’une manufacture dont Marine est l’unique ouvrière. Intervenant à chaque strate de fabrication, elle frictionne les opportunités offertes par un contexte à chaque fois renouvelé.

En parallèle, sa palette ne semble admettre ni frontière, ni trajectoire prédéfinie, laissant chaque coloris prendre la place qui lui revient, en écho aux propriétés qui lui sont propres.

 

C’est bien la nature qui offre le terreau propice aux œuvres de Marine Class. Au pas de sa porte ou dans des contrées plus lointaines, elle explore des territoires, convoquant leurs histoires, souvent encodées par frottement avec les activités humaines qui les accompagnent. Elle échafaude et glane des traces et des vestiges, qu’ils soient telluriens, sous marins, voire aériens. Ils sont destinés à être, tour à tour transformés, détaillés ou fantasmés. Ainsi, la frontière entre présentation et représentation est toujours poreuse.

Cette pratique singulière, réconcilie les genres et titille les rapports dichotomiques : macro et micro, infra et méta, intérieur et extérieur.

 

Dévoiler et orchestrer ces éléments dans un nouvel environnement requiert une importance particulière, car c’est le moment où les œuvres voient leurs potentiels narratifs glisser de l’intime vers l’ailleurs.

Se dessine pour l’artiste un nouveau prétexte propice à perturber les échelles, étirant ou condensant, à sa guise, les objets et les points de vue. Une mise en scène que Marine brode en suivant le fil d’or d’une scénographie emprunte d’humilité.

L’exposition tourne alors ses pages et transforme le lieu en un roman à système où les récits se construisent, mélodiques ou asynchrones, à la fois électrons libres et legati d’une histoire plus vaste.

 

En quittant la galerie, on pense au carrousel, aux notes de Déodat de Séverac… On imagine que cet ensemble haut en couleurs puisse s’animer, comme une boite à musique…

 

 

 

Hélène Cheguillaume, Octobre 2016